Rétrospective


Après ce qu’il était convenu d’appeler la belle époque, la période comprise entre les deux guerres fut une ère de stagnation peut être due aux difficultés engendrées par quatre ans de conflit intense qui mis à part l’aviation n’a pas eu pour conséquence une évolution significative de ce que l’on nomme actuellement qualité de la vie.

Le village, très rural, ne connaissait guère qu’une activité agricole avec quelques emplois dus aux carrières de gypse des environs. Dans ces conditions la population était peu nombreuse et travaillait sur place. Si quelques uns faisaient chaque jour, à pied bien sûr, le trajet de Cuisy ou de Monthyon pour, au prix d’un dur labeur dans les plâtrières, obtenir un salaire un peu élevé, beaucoup étaient occupés au travail de la terre.

Cinq fermes plus ou moins importantes se partageaient l’espace agricole.

Le Plessis l’Évêque - sortie du village

Les 38 et 40 rue du Moulin (Cf 1 du plan) étaient une seule et même propriété qui abritait deux chevaux, quatre vaches et le matériel nécessaire à l’exploitation de quelque douze hectares. On y pouvait voir notamment une petite batteuse mue par un manège entraîné par les deux chevaux tournant inlassablement. Cette installation n’est disparue qu’au sortir de la dernière guerre.

Une autre exploitation, la plus petite, avait son siège au 9 rue du Pommeret (Cf 2 du plan) où une grange imposante, aujourd’hui démolie était occupée par une autre batteuse relativement moderne qui après avoir été actionnée par un moteur thermique bénéficia de l’énergie électrique dès que la commune se fut électrifiée.

Deux petits chevaux assumaient l’entretien des huit ou neuf hectares de l’exploitation ou quelques chèvres fournissaient le lait. En automne fonctionnaient deux gros pressoirs qui transformaient en cidre les pommes récoltées dans le verger.

Pas beaucoup plus importante, une troisième ferme face à l’église, au 1 rue des Champs (Cf 3 du plan) complétait son activité agricole par le travail dans les bois. Débardage charroi et vente de bois de chauffage assuraient le plein emploi des deux forts chevaux hébergés dans l’écurie.

Le Plessis l’Évêque – Bois de chauffage

En face au 25 rue du Pommeret (Cf 4 du plan), les bâtiments étaient déjà ce qu’ils sont c’est à dire le siège d’une 4ème ferme deux ou trois fois plus importante puisqu’on y dénombrait trois chevaux et sept ou huit vaches qui permettaient, matin et soir, la vente de lait.

Le Plessis l’Évêque - Entrée du pays

La 5″ exploitation, au 7 rue de la Place (Cf 5 du plan) , était et reste la plus importante. Avec treize chevaux, seize bœufs de trait, quelques vaches et un troupeau de mouton, elle employait une vingtaine de personnes à temps complet. Quatre charretiers assurant chacun la conduite d’une attelée de trois bêtes. Trois bouviers dont deux étaient responsables de six baroufs et le troisième de quatre. Une personne était chargée du nettoyage des locaux et de la préparation de l’alimentation des animaux de trait et des vaches.

Cinq employés étaient occupés au battage des céréales et s’activaient l’hiver autour de la batteuse qui après avoir été entraînée par une imposante machine à vapeur, le fut par un moteur électrique puis par raison d’économie par un moteur diesel. Cette même équipe assurait au printemps le dégarnissage des betteraves dont elle assurait l’arrachage manuel à l’automne. Au total presque deux mois à être ployé vers le sol.

Le berger était sans aucun doute le personnage le plus important chargé de surveiller, alimenter, conduire quelques trois cent cinquante brebis, il devait, avec l’aide d’un ancien, assumer l’entretien de sept à huit cent têtes de bétail au cours de l’hiver.

Peut être folklorique, la sortie et la rentrée du troupeau allant paître au champs chaque jour d’été; pas de week-end bien sûr ; laissait quelques traces de son passage dans le village, mais il en était de même pour les chevaux et les baroufs et c’était la contre partie de l’animation perpétuelle qui régnait dans les rue.

Ces rues ne furent d’ailleurs que tardivement revêtues et les cailloux épandus par le garde champêtre pour boucher les trous étaient bien vite disparus sous les roues à bandages de fer des voitures et autres tombereaux. Bien sûr les trottoirs étaient enherbés et limités par de gosse bordures constituées par des pierres plus ou moins plates calés à chant. La rue du Moulin ne fut goudronnée et bordurée qu’après la guerre et la rue de la Place parfois taxée de ruelle tant elle était étroite s’appelait aussi rue de la Grimace, conséquence d’une marche difficile sur des cailloux saillants et difformes toujours en place sous le revêtement actuel beaucoup plus roulant.

Mais les animaux et leurs conducteurs n’étaient pas seuls à parcourir les rues. Les déplacements étant assez difficiles ; une seule automobile jusqu’en 1938 ; les commerçants se rendaient sur place. Boulanger, boucher, charcutier, passaient satisfaire leurs clients qu’ils servaient à partir de leur voiture tout d’abord hippomobile puis automobile, mais plus pittoresque et presque incroyable de nos jours.

La  » Pharmacie du Progrès  » basée à Meaux déléguait chaque semaine un cycliste qui transportait dans un grand panier quelques remèdes courants et prenait les commandes. Un marchand de nouveauté ayant boutique à Monthyon travaillait de la même manière et il reste encore quelques souvenirs d’un homme assez âgé qui promenait depuis Montgé en Goële une brouette chargée d’une caisse de harengs recouverte d’un sac et qui n’avait pas honte d’ameuter le chaland au cri de  » Frais mes harengs, Frais ! « . Et c’était si vrai que la petite halte au bistrot aidant à la décision on retrouvait parfois à la caisse et le reste des harengs frais mais déjà odorants dans un fossé. L’ami  » Frais frais  » ne devait plus l’être trop lui. Le Plessis l’Évêque - La ferme

Un café tabac épicerie au 27 rue du Pommeret, un autre débit de boisson tout à côté au 33 de la même rue complétaient le panorama du commerce local. Si le premier était le siège des joueurs de cartes du dimanche, le second était pourvu d’un piano mécanique au son duquel dansaient quelques couples au grand dam d’un vieux voisin qui pestait contre ces jeunes incapable de marcher et se déplaçant à vélo, ces engins de perdition, qui d’ailleurs profitaient à tous puisque après avoir distribué le courrier pédestrement, à partir de Juilly, les facteurs ont été dotés par leur administration de l’une de ces bicyclettes tant critiquées par les anciens.

Tardivement un seul poste de téléphone relié à la cabine manuelle d’Iverny est venu améliorer la communication. Les portables sont encore bien loin !

Mais depuis toujours les humains et les animaux utilisent de l’eau et à cette époque chaque maison recueillait la pluie dans une citerne. Utilisée pour le lavage du linge, la toilette et divers usages, elle n’était pas potable sauf au sortir d’une i fontaine filtrante dont quelques unités subsistent encore. L’eau potable pour l’homme ou les animaux était fournie par de nombreux puits bien souvent en copropriété. Beaucoup ont été comblés mais il en reste quelques uns notamment un bel exemple au 49 rue du Pommeret.

A dater de 1934, une canalisation où transitait une eau de source de très bonne qualité fut installée alimentant deux bornes fontaines: l’une rue du Moulin et l’autre à l’église.

Ce n’est qu’en 1928 qu’apparut la fée électricité venue écourter dans chaque foyer les longues soirées d’hiver. Un an plus tard, la commune se dotait d’une salle de mairie qui se partageait avec l’école le local de l’ancien presbytère.

L’emplacement de l’actuelle mairie était occupé par une maison en ruine (Cf 6 du plan), une autre habitation aux trois quarts démolie assombrissait l’angle formé par la rue de la Place et celle du Moulin. En face une grange périclitait (Cf 7 du plan) tandis qu’au 5 rue du Pommeret (Cf 8 du plan) , une demeure bien qu’occupée était en état de vétusté avancé. Une quarantaine de constructions abritaient une population inférieure à 100 habitants et cette situation a longtemps perduré puisque ce n’est guère qu’après 1950 que les ruines ont disparues laissant place à quelques constructions neuves particulièrement rue des Champs qui n’était à l’époque qu’un chemin de terre.

L’enseignement a toujours été assuré et l’on possède des documents, listes des enseignants et des élèves qui prouvent un effectif n’ayant jamais été au delà de 15 enfants. Ce petit aperçu de ce qu’était le village peut donner une idée des changements intervenues au cours des 80 dernières années dans la région ou malgré des efforts d’équipements importants, nos communes sont devenues peu à peu des dortoirs qui ne retrouvent une certaine activité qu’en fin de semaine.

Le Plessis l’Évêque

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